Le Pont des Isles de mon enfance - 1 - Les premier pas à l'aventure - humeur et humour de topinambourg et Alain de Malglaive

Enfant j'adorais les vacances au Pont-des-Isles.
C’était un Mas provençal, paradisiaque ou résidaient mes Grands Parents maternels. Tout dans cet univers concourait à la liberté enfantine.

Les arrières de l'orangerie

Les jardins à la Française, le bassin en pierre de Beaucaire, l'orangerie, le somptueux  pigeonnier et la forêt-jungle exotique se disputaient le monopole du meilleur terrain de jeu des Petits-Enfants.

Les champs de melon et de tomates, les amandiers, figuiers et cerisiers s'exposaient comme autant d'offrandes généreuses à la gourmandise juvénile.

Les allées de buis interminables du jardin se révélaient être le parcours idéal pour tout enfant en âge de se mouvoir.

Les premier pas à l'aventure...

Chaque petit explorateur à quatre pattes pouvait découvrir mille surprises cachées dans les allées de buis. La plupart finissaient inexorablement, leur vie dans sa boîte à trésors.

Les œufs en chocolat, échappés aux investigations voraces des lendemains de Pâques, constituaient la seule notable exception  à cette règle. Ils finissaient engloutis, sans tambour ni trompette, dans l'estomac du chocophage devenu soudain bien discret.

Les savoureux escargots crus se disputaient avec les mégots de cigarettes quasi intactes l'orgueil d'être la meilleure monnaie d'échange, comestible de surcroît, de ces impitoyables quadrupèdes à boucles blondes.

Les boutons de roses récoltées à peine écloses , séchaient sages et silencieux dans un coin de la boite, méditant sur leur destin raté de glorieuses splendeurs éphémères.

Les cailloux, pour la plupart ramassés la veille et rejetés le lendemain, ne semblaient justifier leur présence que comme grelots de la farce.
Invariablement le jeune conquérant de l'inutile décidait qu'il était temps de retirer à sa Belle au Transat Dormant son regard comateux de déesse ensommeillée.
Il hurlait d'une voix stridulante sans appel "Moman, Maman, regardez tout ce que j'ai trouvé".

En faisant tintinnabuler avec force les cailloux de la boîte, l'Enfant Roi transformait, une fois de plus son trésor comestible en une indistincte bouillie tout juste consommable rétrocédée aux "petits" qu'ils soient frère, sœur, cousin ou cousine : autant de victimes consentantes.

"Laisse moi mon Petit Garçon, je dois donner le biberon à ta petite Soeur" répondait tout aussi invariablement la fidèle de Morphée.
Cette réponse, sorte de retrait tactique la rendait éhontément complice, malgré elle, de la prochaine catastrophe...

       A suivre...
 

Attends.....que le temps te vide - Gérard Manset

http://www.youtube.com/watch?v=wEab9-Fu7g8

N'oublies pas d'ou tu viens